La pluie du matin...

... n'arrête pas le Bédouin!

Bien au contraire, elle le gratifie, car elle porte l'espoir de la nouvelle herbe, quelque part dans le désert.

Dimanche dernier, il a plu sur Abu Dhabi. Oh, pas beaucoup, ni bien longtemps! Mais tout de même...

La veille, dernier jour du week-end, le vent avait brusquement tourné en milieu de journée, et sévèrement forci: avec une plage désertée pour cause de courants d'air chargés de grains de sable, et des creux de deux mètres au large, l'atmosphère de la Corniche était devenue nettement plus sauvage que d'habitude. Une véritable ambiance d'équinoxe!

Et au petit matin, nous découvrions une Corniche toute détrempée, luisante des trompes tombées juste au moment de la prière du matin.

Il n'avait pas plu depuis près de huit mois. Aussi, n'ai je pas résisté à l'envie de faire quelques photos, tant la pluie, ici, est un spectacle rare.

Et comme tout spectacle rare, il génère ici des sentiments inhabituels, loin de la nostalgie et de l'exaspération qui l'accompagnent souvent dans les rues de Paris.

Tout d'abord la surprise.

Puis la crainte: à l'idée inquiétante de devoir reprendre le volant, d'ici quelques dizaines de minutes, et affronter les réels dangers de la route, qui constituent à Abu Dhabi la première cause de mortalité, loin devant les cancers et les accidents cardiaques.

Puis enfin la gratitude: car c'est le seul sentiment vrai, celui que devaient encore avoir tous nos ancêtres, anxieux de voir le blé germer à temps pour que la récolte soit bonne. C'est en tous cas le sentiment du Bédouin, car il sait qu'après la pluie, dans le désert, viennent l'herbe et la floraison qui permettront aux animaux de broutter, et de refaire leurs provisions de graisse, assurant la survie de la tribu.

Et j'ai repensé au duvet fleuri du gazon clairsemé, au creux des dunes ocres du Wadi Kahal, juste de l'autre côté de la fontière omanaise, quelques jours après les pluies de Janvier 2008.

Moi aussi, j'avais eu envie de dire Hamdulillah! Merci mon Dieu.